Jennifer

J’ai une lubie en ce moment, c’est de chercher frénétiquement toutes les comédies romantiques qui existent dans l’histoire du film (depuis les années 90, pas avant. Avant c’est un peu trop pointu pour moi. Et puis les couleurs font mal aux yeux). Ma méthode, et elle a fait ses preuves, c’est de taper « Jennifer Aniston » dans le moteur de recherche de imdb.com. HA-LLU-CI-NANT le nombre de comédies romantiques avec Jennifer Aniston. Elle est partout cette nana.

Donc je tape son nom dans imdb, je checke la liste des films, le reste du casting (bizarrement, le nom du réalisateur ne fait pas vraiment partie de mes critères de sélection, je suis plus sensible au nom du personnage principal masculin), la gueule de l’affiche (plus précisément, je vérifie qu’elle ne contient pas un quelconque animal de compagnie), je survole le scénario (ça aussi, ça importe peu, il faut juste vérifier que l’intrigue ne nécessite pas la présence d’un animal de compagnie), et la bande annonce, qui est le teaser ultime si les autres critères sont remplis de façon satisfaisante.

Je crois que c’est le moment propice pour une explication de mon obsession pour les comédies romantiques. Pendant toute mon adolescence, j’étais un garçon qui faisait du skate (=essayait vaguement de taper des ollies mais dans l’herbe, parce que j’avais les boules de me faire mal en tombant). Je n’ai donc pas pu profiter des joies de la vie d’une jeune fille en fleur, soirées pyjama avec la trilogie des « S club Seven », vernis à ongles et orgie de doowap (ah si ça j’ai fait). Jusqu’au jour où, vers 23 ans, je suis redevenue une fille. Depuis j’essaie donc de rattraper le temps perdu en ingurgitant à haute dose des films avec Jennifer Aniston.

Donc revenons au sujet qui nous intéresse aujourd’hui. J’ai donc fait donc la liste des comédies romantiques qui me faisaient envie, et je me les suis procuré de façon tout à fait légale, cela va de soit.

Donc je me suis tapé 8 films avec Jennifer Aniston en l’espace d’un mois.

A la lumière de cette expérience, j’ai découvert un truc un peu honteux qui se passe autour de cette obsession de comédies romantiques (qui est honteuse à elle toute seule déjà). C’est cette espèce d’excitation qui m’envahit quand, le soir, je rentre tranquillement chez moi après une longue et HARASSANTE journée de boulot, et que je sais qu’un petit film d’amour m’attend sur mon C : (alors je ne sais pas si cette référence fonctionne pour les utilisateurs de mac, Apple a dû donner un autre petit nom à son disque dur). Je sais qu’aucun autre élément de la vie en société ne viendra perturber cet ordre établi. J’exclus toute conversation téléphonique maternelle, tout email de plus de 3 lignes, toute éventualité de partie de jambes en l’air (mais enfin chéri, bien sûr que les règles ça tombe aléatoirement un jour par ci un jour par là, et puis ce soir j’ai des coups de fil grave longs à passer, on se verra demain c’est mieux).

Je suis prête à consacrer toutes mes capacités physiques et intellectuelles au visionnage du film choisi. Enfin pas tout à fait. Il faut d’abord que je sorte les surimis et la mayo du frigo, que je choisisse une tenue confortable (eh oui je suis devenue une fille et j’ai récupéré aussi tous les clichés : jogging, grosses chaussettes et valsage de soutif).

Alors je m’installe dans mon canapé, pour faire monter un peu l’envie, parfois je surfe 5 minutes sur Facebook, et quand je suis bien prête, je double clique.

Là il y a toujours un petit moment de suspense, on a toujours un risque de se retrouver à mater un porno en costumes d’époque. Mais si Dieu est avec moi, tout se passe bien et le film commence. Vous avez remarqué que les comédies romantiques commencent à peu près tous avec les quelques scènes suivantes : un plan vue d’avion d’une ville des Stétss et ses buildings, puis un travelling sur la chambre du personnage principal encore enfoui dans un profond sommeil, tout ça enrichi d’une musique joyeuse et munie de clochettes, qui laisse présager de l’humeur du film. Et là le réveil du type ou de la fille sonne, et hop on rentre dans l’action.

Enfin on n’est pas sur un bloc d’analyse scénaristique (si c’était le cas on parlerait sans doute pas de Jennifer Aniston). Tout ça pour dire que je suis devant mon film, avec mon surimi, et je suis contente.

Sinon on peut aussi taper Julia Roberts, Ben Affleck ou Hugh Grant, ça marche aussi.